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  • II-Premières mesures .

    Attiré par les engins de toutes natures, je me suis vite intéressé à la méca, d'autant plus que j'ai rapidement voulu être un free rider. Je me suis fais chourer mon biclou à 6 ans en le laissant contre un poteau dans une cité craignos et déjà je me rappelle qu'avec ce vélo rouge je partais tellement loin que ma mère me privait de goùter en rentrant...Punition terrible: A 43 ans je prends toujours mon goùter!

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    Donc il a vite fallu que j'apprenne à me servir d'outils pour réparer ma bécane d'autant plus que j'insistais pour faire les 3 bornes de route sinueuse à vélo pour aller à l'école alors que mon frangin et ma frangine y étaient conduis par mes parents.

    Mon père, qui bricolait un peu tout, m'a initié et formé de manière plutôt théorique à tout ce qui était technique, ensuite c'est le tâtonnement qui a fait le reste...Et les plantures bien-sure: Mes freins avant mal serrés ont lâché en pleine descente...Heureusement il y avait un gros fourré de ronces pour amortir ma chute...On refait pas deux fois la connerie après ça! Ca laisse des traces...J'en ai encore de cette époque sur le corps.

    Pour parfaire ma formation je me suis trouvé un pote encore plus casse-cou que moi, plus téméraire surtout, on passait notre temps dans les décharges publiques(des vraies mines d'or à l'époque) à récupérer des mob cassées qu'on retapait pour se faire des vélocross. C'était un peu lourd mais il y avait des suspensions, c'était génial pour passer les talus et foncer dans les champs de maïs. On s'en choisissait un bien en pente, et on prenait chacun un couloir en dévalant la pente, la tronche fouettée par les feuilles.

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    Hélas vu que nos engins étaient rarement complets, notamment au niveau des freins, sur un chemin très en pente mon pote qui voulait pas rouler dans le fossé comme moi(seule technique de freinage alors disponible) s'est pris une grosse caillasse dans le virage et a fais un beau creux dans le talus avec la tête: Une semaine d'hosto, traumatisme crânien, et la première chose qu'il m'a dit en reprenant connaissance c'est: "-T'as récupéré les biclous?" Moi qui croyais qu'il ne se réveillerait peut-être plus!

    Qu’est-ce qu’on pouvait bourlinguer avec nos bécanes, on n’avait pas les jeux vidéo, ni l’informatique alors on pédalait en bandes organisées.

    Au tout début dans les citées parisiennes, à fond la caisse pour échapper à la bande rivale embusquée en limite de quartier, terrorisé à l’idée de se faire capturer , imaginant le pire(ne plus jamais revoir ma mère), alors qu’en fait à six ans je pense qu’ils m’auraient laissé tranquille…

    Mon frangin plus âgé s’est fait choppé une fois, jeté dans une cavité de terrassement de maison durant quelques heures, il avait fallu l’intervention de mes parents pour le libérer.

    En fait ça n’allait pas bien loin à l’époque, les terreurs de quartier fuyaient dès qu’un adulte intervenait, alors qu’aujourd’hui…

    Parfois toutes les bandes de la cité s’unissaient pour faire face à l’intrusion sur nos terres de gars d’autres cités . Ca décourageait vite les apprentis-conquérants.Ou alors pour réaliser un projet de grande envergure, par exemple une fois on a détruit un camion de chantier qui avait osé stationné dans la cité le temps d’un week-end : Les gamins de tous âges avaient convergé des vennelles des trois quartiers de la cité , très vite nous escaladions le bahut jaune, il y en avait partout, dans la cabine, dans la benne, sous le capot moteur, sautant sur les garde-boue, s’acharnant sur tout ce qui dépassait , remplissant le réservoir de mottes de terre, lattant les feux à coups de tatannes, bref on l'avait bien ruiné le camtar. Les parents avaient sévi car la société de travaux s'était plainte à la mairie .

    Et puis il y avait vachement moins de bagnoles à l’époque, on pouvait rouler n’importe où.

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    HA, La Bretagne...

    En Bretagne, on avait toujours quelqu’endroit à explorer(carrières, blockhaus, tracé d’anciennes lignes ferroviaires, grottes, etc), et pour souffler: bivouacs avec grillades de merguez dans les bois à la limite de tout faire cramer, on sifflait du canada dry pour jouer aux durs, on construisait des cabanes très haut perchées, transportant planches, outils, bâches sur nos biclous. Les convois que ça faisait : Des fois une planche ou une bâche se barrait en route et la moitié de la bande derrière se vautrait la gueule sur le bitume, les bagnoles freinant à mort et louvoyant pour nous éviter…Les dangers qu’on était !

    Je m’étonne toujours du peu de casse dans nos rangs…On était souvent couverts de croûtes ou d’éraflures mais rarement plus.

     

    Une fois, sur le bord d’un dénivelé surplombant ma décharge préférée , je crânait devant ma cousine en m’amusant à rouler à trois centimètres de l’aplomb quand d’un seul coup le bord s’est effondré et je me suis retrouvé trois mètres plus bas, au milieux des ferrailles rouillées, couché sur le côté le vélo encore entre les jambes, le souffle un peu coupé mais c’est tout, rien d’autre…Alors que j’aurais pu finir empalé sur tout ce qui dépassait autour de moi ! Je me souviens encore du visage livide de ma cousine par-dessus le ravin, s’attendant à découvrir le pire…Et bien non, tout allait bien, je me demandais juste ce que je fouttais là trois mètres plus bas !

     

    Les décharges regorgeaient de trésors qui nous servaient à construire les cabanes ou fabriquer des chariots à base de châssis de poussettes ou à partir d’anciennes voiturettes à pédales(qui valent des fortunes maintenant) avec lesquels on jouait aux cascadeurs dans les chemins creux qu’on utilisait parfois dans le sens de la largeur, les enjoliveurs faisaient des superbes frisbee, sauf qu'i valait mieux les attraper avant que ça arrive dans la tronche, ou bien on mettait le feu aux ordures pour débusquer rats et vipères qu'on canardait avec des provisions de caillasses …

    Une fois on a trouvé un grand canot pneumatique percé de toute part. On s’est cotisé pour acheter des rustines : Il en fallait un paquet ! Et la colle à peine sèche, direction  les plages de Keremma.

    A quatre ou cinq la dedans, tous aussi ignares à la natation, avec pagaies de fortunes improvisées, nous voguâmes jusqu’à ce que l’embarcation se mette sérieusement à ramollir. J’alertai les potes qui me traitèrent de trouillard (comme d’hab) en me montrant le fond qui semblait être proche.

    Avec insistance je demandai à faire route vers la plage si bien qu’un gus sauta à l’eau pour me démontrer le peu de fond qu’il y avait…On a juste eu le temps de le chopper par la main qui dépassait encore. C’est trompeur la vision à travers l’eau !

    Une fois les toussotements du téméraire apaisés on a pagayé comme des oufs pour regagner le rivage avant le dégonflage total du patchwork flottant et en évitant de se faire prendre par les courants nombreux dans ces parages.

    Nos parents étaient bien naïfs, je trouve, pour imaginer qu’on jouait sagement les uns chez les autres.

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    A SUIVRE...